La conférence des Trois

Forces nouvelles 10/2/1945

 

Un tour d'horizon international à propos de la rencontre Roosevelt – Churchill – Staline sur les bords de la mer Noire

Depuis quelque temps on sentait comme un relâchement entre les Alliés. Des polémiques de presse, d'un caractère presque officieux, s'étaient élevées entre l'Angleterre et les États-Unis. Un article de M. Summer Welles – pour n'être plus secrétaire d'État de M Roosevelt, il n'en est pas moins d'un très grand poids – avait vivement critiqué la politique des sphères d'influence que la Grande-Bretagne pratique avec la Russie, accusant la Grande-Bretagne d'être infidèle aux principes de sécurité collective souscrits à Dumbarton Oaks, l'opinion anglaise riposta avec  vivacité, en particulier dans un article retentissant de l'Economist qui disait assez crûment que si l'Angleterre devait pratiquer une politique d'équilibre et de partage d'influence, la responsabilité en incombait avant tout aux États-Unis, dont on n'était pas assuré que, sitôt la fin des hostilités, ils ne retourneraient pas à leur « splendide isolement » et à leurs « nobles refus ».

Entre la Russie et les États-Unis régnait également un certain manque de confiance. Sans doute, le choix par M. Roosevelt, comme nouveau secrétaire d'État de M. Stettinius, marque-t-il une tendance plus favorable aux Soviets. M. Stettinius est un intellectuel de gauche. Par ailleurs, il a choisi des collaborateurs favorables au communisme. Tel M. Mac Leish, qui est plus spécialement chargé de suivre les questions d'Europe orientale. Par contre, la presse américaine, où d'ailleurs les Allemands des États-Unis ont une certaine influence, continue de se montrer réticente à l'égard des Soviets.